Le marché immobilier canadien traverse une transformation majeure alors qu’il se dirige vers 2030. Entre une crise d’accessibilité à la propriété sans précédent et des objectifs climatiques ambitieux, le secteur fait face à des défis structurels considérables. Le Québec présente une trajectoire distincte qui le différencie des autres provinces et pourrait servir de modèle pour le développement immobilier durable.

1. Le déficit de logements : une crise nationale

Le Canada doit construire 3,5 millions de logements supplémentaires d’ici 2030 Cet hyperlien s’ouvrira dans une nouvelle fenêtre. pour rétablir l’accessibilité aux niveaux de 2004. Cet objectif colossal représente un défi majeur compte tenu du rythme actuel de construction et des contraintes qui pèsent sur l’industrie.

Au Québec, la situation est paradoxale. Malgré une population qui devrait diminuer de 80 000 habitants d’ici 2030 Cet hyperlien s’ouvrira dans une nouvelle fenêtre., les besoins en logements continueront d’augmenter de 0,8 % en raison de l’évolution de la composition des ménages et du vieillissement démographique. La province a besoin de 860 000 unités supplémentaires d’ici 2030.

La région de Québec devrait croître de 21% Cet hyperlien s’ouvrira dans une nouvelle fenêtre. d’ici 2051, contrastant avec la région métropolitaine de Montréal qui pourrait perdre 4,5% de sa population.

2. La résilience remarquable du Québec

Le marché immobilier québécois résiste aux tendances négatives observées ailleurs au Canada, grâce à :

La ville de Québec mène la croissance nationale avec une hausse des prix de 13,5% au 2e trimestre 2025 Cet hyperlien s’ouvrira dans une nouvelle fenêtre..

Mais, les loyers montréalais ont grimpé de 70% en cinq ans Cet hyperlien s’ouvrira dans une nouvelle fenêtre., passant de 1 000 $ à 1 800 $, entraînant un impact économique estimé à 4,2 milliards de dollars.

3. Une transformation démographique en cours

Le rôle pivot de la génération des milléniaux

La génération millénale (née entre 1981 et 1996) joue un rôle central dans la dynamique du marché immobilier canadien et continuera de le façonner jusqu’en 2030. Cette cohorte représente désormais le plus grand groupe en âge de travailler Cet hyperlien s’ouvrira dans une nouvelle fenêtre. et constitue le principal moteur de la demande en logements.

Malgré les défis d’accessibilité, les milléniaux maintiennent leur aspiration à l’accession à la propriété. Selon un sondage de la Banque Scotia Cet hyperlien s’ouvrira dans une nouvelle fenêtre. de 2024, 58% des milléniaux et de la génération Z prévoient acheter une maison dans les cinq prochaines années, même si 82% reconnaissent que l’accession est devenue de plus en plus difficile.

Cette génération adopte des stratégies d’accès à la propriété qui diffèrent des générations précédentes. L’achat individuel, particulièrement chez les femmes célibataires, est en forte croissance, reflétant un changement dans les jalons de vie traditionnels. Au Canada, la proportion de femmes célibataires parmi les acheteurs est passée de 11% en 1981 à 19% en 2024.

Le vieillissement démographique et l’évolution des besoins

Le vieillissement rapide de la population canadienne aura des implications majeures sur les besoins en logements d’ici 2030. Statistique Canada prévoit que près d’un Canadien sur quatre aura plus de 65 ans d’ici 2030 Cet hyperlien s’ouvrira dans une nouvelle fenêtre., augmentant considérablement la demande pour des logements adaptés aux aînés, des résidences pour personnes semi-autonomes et des unités accessibles.

Ce changement démographique se traduira par une pression accrue sur le parc de logements sociaux et communautaires. Le projet L’Albedo à Québec Cet hyperlien s’ouvrira dans une nouvelle fenêtre., conçu pour les personnes âgées semi-autonomes et les personnes ayant des besoins particuliers, illustre le type d’innovations qui seront nécessaires pour répondre à cette demande croissante.

Parallèlement, le départ progressif des baby-boomers du marché pourrait créer un flux de propriétés disponibles dans les années 2030, particulièrement dans les banlieues traditionnelles. Toutefois, cette offre potentielle ne correspondra pas nécessairement aux besoins et préférences des acheteurs plus jeunes Cet hyperlien s’ouvrira dans une nouvelle fenêtre. qui privilégient souvent des emplacements urbains plus centraux et des unités de plus petite taille.

L’immigration et la composition des ménages

Les politiques d’immigration auront un impact déterminant sur le marché immobilier canadien d’ici 2030. Le gouvernement fédéral a accueilli plus de 431 000 immigrants en 2022 Cet hyperlien s’ouvrira dans une nouvelle fenêtre., avec des plans d’augmentation substantielle dans les années à venir. Cette croissance démographique alimente directement la demande en logements, particulièrement dans les grandes métropoles.

Au Québec, la situation est plus nuancée. Les récentes mesures gouvernementales visant à réduire l’immigration temporaire devraient entraîner une diminution de 80 000 habitants d’ici 2030 Cet hyperlien s’ouvrira dans une nouvelle fenêtre.. Cette politique de réduction pourrait temporairement atténuer certaines pressions sur le marché, mais elle soulève également des préoccupations quant au dynamisme économique à long terme et à la disponibilité de la main-d’œuvre dans le secteur de la construction.

4. L’évolution du cadre réglementaire et politique

Les mesures fédérales pour stimuler l’offre

Le gouvernement fédéral a mis en place plusieurs initiatives pour encourager la construction de logements et faciliter l’accession à la propriété. L’élimination de la TPS pour les premiers acheteurs sur les maisons neuves Cet hyperlien s’ouvrira dans une nouvelle fenêtre. jusqu’à 1 million de dollars, annoncée en mai 2025, représente une économie potentielle allant jusqu’à 50 000 $ et devrait générer 3,9 milliards de dollars d’économies fiscales sur cinq ans. Elle ne s’applique toutefois pas au Québec.

Cette mesure s’accompagne d’autres programmes Cet hyperlien s’ouvrira dans une nouvelle fenêtre. tels que le Compte d’épargne libre d’impôt pour l’achat d’une première propriété (CELIAPP), permettant une contribution à vie de 40 000 $ avec des avantages fiscaux combinant déductions et croissance libre d’impôt. Ces initiatives visent à réduire les barrières financières à l’entrée sur le marché pour la nouvelle génération d’acheteurs.

Le programme Fonds pour le développement des collectivités du Canada Cet hyperlien s’ouvrira dans une nouvelle fenêtre. (FDCC) alloue également des sommes importantes pour l’infrastructure municipale nécessaire au développement résidentiel. Le Québec recevra 557,5 millions de dollars en 2025-2026 et un total de 2,8 milliards de dollars d’ici 2029 pour des projets d’infrastructure de base qui soutiennent la construction de logements.

Les restrictions sur la location à court terme

Les municipalités québécoises, particulièrement Montréal, ont adopté des réglementations strictes sur la location à court terme Cet hyperlien s’ouvrira dans une nouvelle fenêtre. pour préserver l’offre de logements à long terme. Depuis septembre 2025, Montréal limite les locations de résidences principales aux mois d’été (du 10 juin au 10 septembre), interdisant effectivement les services tels Airbnb et Vrbo en dehors de la haute saison touristique.

Cette réglementation vise à retourner au marché locatif traditionnel plusieurs milliers d’unités qui avaient été converties en locations touristiques. On estime que ces mesures pourraient remettre plus de 2 000 unités sur le marché locatif montréalais d’ici la fin de 2025. Les infractions sont assorties d’amendes substantielles de 1 000 $ par nuit pour les particuliers et de 2 000 $ par nuit pour les entreprises, avec une équipe d’inspecteurs élargie pour assurer l’application.

Bien que controversées auprès de l’industrie touristique, ces mesures illustrent la priorité donnée par les autorités municipales à la crise du logement sur d’autres considérations économiques.

L’interdiction d’achat pour les non-résidents canadiens

Le gouvernement fédéral a mis en place en janvier 2023 une interdiction d’achat de propriétés résidentielles pour les étrangers non-résidents Cet hyperlien s’ouvrira dans une nouvelle fenêtre., initialement prévue pour deux ans et prolongée jusqu’en janvier 2027. Cette mesure vise à réduire les flux de capitaux étrangers spéculatifs sur le marché immobilier canadien et à atténuer les pressions inflationnistes.

La loi interdit aux non-Canadiens d’acheter directement ou indirectement toute propriété résidentielle au Canada, avec certaines exceptions pour les résidents temporaires répondant à des conditions prescrites, les personnes protégées, et les achats conjoints avec un conjoint canadien. Toutefois, les acquisitions d’immeubles de quatre unités ou plus et les terrains vacants à des fins de développement sont exemptés, soulevant des questions sur la cohérence interne de la politique.

L’année 2025 représente une période d’évaluation critique pour cette mesure. Le gouvernement examinera si l’interdiction a atteint ses objectifs déclarés ou nécessite des révisions, avec plusieurs scénarios possibles incluant un renouvellement complet, une abrogation partielle ciblant des marchés spécifiques, ou une transition vers un système basé sur la taxation.

5. Les contraintes de l’industrie de la construction

La pénurie de main-d’œuvre qualifiée

L’industrie de la construction au Québec fait face à une pénurie chronique de travailleurs qualifiés qui constitue un frein majeur à l’expansion de l’offre de logements. Selon la Commission de la construction du Québec (CCQ), la province aura besoin de 16 000 travailleurs supplémentaires en moyenne par année entre 2025 et 2029 Cet hyperlien s’ouvrira dans une nouvelle fenêtre. pour maintenir le rythme de construction.

Cette pénurie persiste malgré un niveau d’activité robuste. L’industrie emploie environ 200 000 travailleurs et prévoit enregistrer une moyenne de 211 millions d’heures de travail Cet hyperlien s’ouvrira dans une nouvelle fenêtre. au cours des prochaines années. Le ministre du Travail Jean Boulet a souligné l’ampleur du défi : “Nous avons une pénurie importante de travailleurs dans tous les métiers”.

La situation n’est pas unique au Québec. À l’échelle canadienne, un rapport de RBC estime que plus de 500 000 travailleurs de la construction supplémentaires seront nécessaires d’ici 2030 Cet hyperlien s’ouvrira dans une nouvelle fenêtre. pour répondre aux besoins en logements et en infrastructure. Cette pénurie s’explique par plusieurs facteurs : le vieillissement de la main-d’œuvre actuelle, l’insuffisance des diplômés dans plusieurs métiers, et un taux de départ de l’industrie qui dépasse le taux d’entrée.

L’augmentation des coûts de construction

Les coûts de construction au Canada ont connu une croissance substantielle qui complique l’atteinte des objectifs de production de logements. Au deuxième trimestre 2025 Cet hyperlien s’ouvrira dans une nouvelle fenêtre., les coûts de construction résidentielle ont augmenté de 1,0% par rapport au trimestre précédent et de 3,7% en glissement annuel.

Pour l’année 2025, les augmentations projetées des coûts de remplacement varient de 1% à 9% selon les régions Cet hyperlien s’ouvrira dans une nouvelle fenêtre., avec le Québec anticipant des hausses de 1% à 5% pour le résidentiel et de 2% à 5% pour le non-résidentiel. Ces augmentations sont alimentées par plusieurs facteurs : l’inflation des matériaux comme le bois d’œuvre et l’acier, la pénurie persistante de main-d’œuvre qualifiée qui pousse les salaires à la hausse, et l’incertitude créée par les tensions commerciales avec les États-Unis.

Le coût moyen de construction d’une maison au Canada Cet hyperlien s’ouvrira dans une nouvelle fenêtre. en 2025 se situe entre 200 $ et 400 $ le pied carré à l’échelle nationale, avec des variations importantes selon les régions. Dans les grandes villes comme Toronto et Vancouver, les coûts peuvent atteindre 550 $ le pied carré ou plus.

Les délais administratifs et réglementaires

Les processus d’approbation et les exigences réglementaires constituent un obstacle souvent sous-estimé à la production rapide de logements. Les promoteurs font face à des délais prolongés pour obtenir les permis de construction, naviguer dans les multiples paliers de réglementation, et répondre aux exigences croissantes en matière de performance énergétique et environnementale.

Ces contraintes administratives, combinées aux coûts élevés et à la pénurie de main-d’œuvre, créent un environnement où même avec des taux d’intérêt plus favorables et une demande soutenue, l’industrie peine à accélérer la cadence de construction nécessaire pour combler le déficit de logements.

6. Les facteurs économiques et financiers

L’évolution des taux d’intérêt et son impact

La politique monétaire de la Banque du Canada joue un rôle déterminant dans l’évolution du marché immobilier. Après avoir atteint des sommets en 2023, les taux d’intérêt ont amorcé une descente progressive. En septembre 2025, la Banque du Canada a abaissé son taux directeur de 25 points de base à 2,50% Cet hyperlien s’ouvrira dans une nouvelle fenêtre., reprenant son cycle de réduction après trois pauses consécutives.

Les prévisions suggèrent que le taux pourrait descendre à 2,25% d’ici la fin de 2025 Cet hyperlien s’ouvrira dans une nouvelle fenêtre., avec une stabilisation progressive dans les années suivantes. Cette détente monétaire vise à stimuler l’activité économique dans un contexte marqué par une croissance fragile et une augmentation du taux de chômage.

L’impact sur le marché immobilier est double. D’une part, des taux plus bas améliorent l’accessibilité pour les acheteurs en réduisant les coûts d’emprunt. Un taux hypothécaire inférieur à 4,0% avec une amortissement de 30 ans peut ramener les paiements mensuels près des niveaux pré-pandémiques. D’autre part, des taux plus bas stimulent également la demande, ce qui peut exercer une pression à la hausse sur les prix dans un contexte d’offre limitée.

Les prévisions de croissance économique

L’économie québécoise devrait connaître une croissance modérée mais soutenue d’ici 2030. Après une accélération à 1,4% en 2024, la croissance du PIB réel devrait atteindre 1,1% en 2025 et 1,4% en 2026 Cet hyperlien s’ouvrira dans une nouvelle fenêtre.. TD Economics Cet hyperlien s’ouvrira dans une nouvelle fenêtre. prévoit une croissance de 0,9% en 2025, 1,0% en 2026 et 1,6% en 2027 pour le Québec.

Ces perspectives sont tempérées par plusieurs facteurs de risque, notamment les tensions commerciales avec les États-Unis qui pourraient affecter les exportations et l’investissement non résidentiel. Le marché du travail s’est modéré en 2024, avec un taux de chômage passant de 4,5% en 2023 à 5,3% en 2024, et devrait temporairement augmenter à 5,8% en 2025 avant de redescendre à 5,4% en 2026.

Cette croissance économique modérée Cet hyperlien s’ouvrira dans une nouvelle fenêtre. soutiendra la demande en logements, mais à un rythme plus mesuré que durant la période post-pandémique. L’amélioration graduelle des revenus des ménages et la stabilisation du marché de l’emploi faciliteront l’accession à la propriété sans créer les bulles spéculatives observées dans certains cycles précédents.

Perspectives sur les prix de l’immobilier

Les prévisions de prix pour le marché canadien jusqu’en 2030 Cet hyperlien s’ouvrira dans une nouvelle fenêtre. reflètent des trajectoires divergentes selon les régions. Au niveau national, l’Association canadienne de l’immobilier (CREA) prévoit que le prix moyen des maisons augmentera de 3,2% entre 2025 et 2026 pour atteindre 698 622,00$. Pour 2025, une baisse de 1,7% est anticipée à 677 368,00$, reflétant les ajustements liés aux incertitudes économiques du premier semestre.

Au Québec, les perspectives sont nettement plus positives. Royal LePage Cet hyperlien s’ouvrira dans une nouvelle fenêtre. prévoit une augmentation de 8,0% du prix médian d’une maison unifamiliale et de 6,0% pour un condominium au quatrième trimestre 2025 par rapport à la même période en 2024. La ville de Québec devrait maintenir sa position de leader avec une croissance projetée de 11% en 2025, la plus forte parmi les grandes régions canadiennes.

Pour la période 2025-2030, RBC Cet hyperlien s’ouvrira dans une nouvelle fenêtre. prévoit un retour graduel à la croissance des prix à l’échelle nationale, avec une augmentation plus rapide en 2025 reflétant la demande refoulée et les conditions monétaires plus favorables, suivie d’un ralentissement en 2026-2027. Toutefois, l’accessibilité demeurera un défi majeur, avec un nombre croissant de ménages potentiellement exclus de l’accession à la propriété.

7. La transition vers la durabilité environnementale

Les objectifs climatiques et leurs implications

Le Canada s’est fixé des objectifs ambitieux de réduction des émissions de gaz à effet de serre Cet hyperlien s’ouvrira dans une nouvelle fenêtre. : 40% sous les niveaux de 2005 d’ici 2030. Le secteur du bâtiment représente la troisième source d’émissions au Canada et joue donc un rôle central dans l’atteinte de ces cibles.

La construction de 5,8 millions de logements d’ici 2030 Cet hyperlien s’ouvrira dans une nouvelle fenêtre., nécessaire pour restaurer l’accessibilité à la propriété selon la SCHL, crée une tension fondamentale avec les objectifs climatiques. Si ces logements sont construits selon les normes actuelles, ils généreront environ 143 millions de tonnes d’émissions de CO2.

Toutefois, en adoptant des pratiques de construction à haute performance énergétique et en privilégiant la densification urbaine, ces émissions pourraient être réduites à 43 millions de tonnes, soit une réduction de 100 millions de tonnes correspondant à 34% de l’objectif national de réduction pour 2030.

Une étude de l’Université de Toronto Cet hyperlien s’ouvrira dans une nouvelle fenêtre. révèle que pour respecter les objectifs climatiques, les maisons construites en 2030 devront produire 83% moins d’émissions de gaz à effet de serre durant leur construction comparativement aux maisons de 2018. Cet impératif nécessite une transformation radicale des pratiques de l’industrie.

L’adoption des normes de construction durable

Le Québec progresse vers des standards de construction plus écologiques Cet hyperlien s’ouvrira dans une nouvelle fenêtre., utilisant six organisations et référentiels majeurs incluant LEED Habitation et CSA Z782-06. Le secteur du bâtiment représente 12% des émissions totales de GES de la province, en faisant le troisième secteur émetteur.

Le projet L’Albedo à Québec illustre le potentiel des bâtiments à haute performance. Reconnu par le Conseil du bâtiment durable du Canada en 2025, ce projet de 128 logements abordables intègre une architecture optimisée pour la performance énergétique, un béton à faible teneur en carbone, et un système géothermique pour le chauffage et la climatisation. Ces innovations démontrent qu’il est possible de concilier accessibilité, durabilité environnementale et qualité de vie.

Les gouvernements fédéral et québécois investissent dans la construction en bois durable Cet hyperlien s’ouvrira dans une nouvelle fenêtre.. En mars 2025, un investissement conjoint de plus de 8,5 millions de dollars a été annoncé pour quatre projets promouvant la construction verte au Québec, incluant le développement d’immeubles résidentiels en bois massif utilisant des techniques de préfabrication et de construction modulaire.

Les défis de la transition verte

Malgré ces avancées, l’adoption généralisée des pratiques de construction durable fait face à plusieurs obstacles. Les coûts initiaux perçus comme élevés, le manque de connaissances des intervenants, et la réticence des investisseurs immobiliers constituent des freins importants. De plus, les systèmes de certification établis comme LEED Cet hyperlien s’ouvrira dans une nouvelle fenêtre., BREEAM Cet hyperlien s’ouvrira dans une nouvelle fenêtre. et Green Star Cet hyperlien s’ouvrira dans une nouvelle fenêtre. ne sont pas toujours parfaitement adaptés au contexte canadien et québécois.

L’infrastructure municipale nécessaire pour soutenir une croissance résidentielle durable représente également un défi financier majeur. La Fédération canadienne des municipalités Cet hyperlien s’ouvrira dans une nouvelle fenêtre. estime que le coût de l’infrastructure municipale requise pour chaque nouveau logement s’élève en moyenne à 107 000 $, ce qui totalise 600 milliards de dollars pour les 5,8 millions d’unités projetées d’ici 2030.

Au Québec, le gouvernement provincial investit massivement dans les infrastructures à travers le Plan québécois des infrastructures 2025-2035 Cet hyperlien s’ouvrira dans une nouvelle fenêtre., qui prévoit 164 milliards de dollars d’investissements sur dix ans, incluant 559 millions de dollars pour le logement social et communautaire. Ces investissements seront cruciaux pour soutenir une croissance résidentielle respectueuse de l’environnement.

8. Les transformations du marché du travail et leurs répercussions

L’impact du télétravail sur les préférences résidentielles

La généralisation du télétravail et des modèles hybrides, accélérée par la pandémie de COVID-19, a fondamentalement modifié les préférences résidentielles des Canadiens. Cette transformation continue d’influencer les décisions d’achat et de location, favorisant une redistribution de la demande vers les zones suburbaines et les villes de taille moyenne offrant un meilleur équilibre entre espace et coût de vie.

Dans la région de Vancouver Cet hyperlien s’ouvrira dans une nouvelle fenêtre., par exemple, les zones périphériques comme Abbotsford ont vu leur prix médian de maisons unifamiliales augmenter de 50% entre juin 2020 et juin 2023, tandis que Vancouver enregistrait une hausse de seulement 16% sur la même période. Des phénomènes similaires ont été observés dans d’autres régions canadiennes, où le télétravail a permis aux acheteurs de s’éloigner des centres urbains coûteux.

Cette tendance devrait se maintenir jusqu’en 2030, bien que dans une forme plus modérée que durant la période pandémique. Les employeurs adoptent des modèles hybrides permettant une certaine flexibilité géographique tout en maintenant des connexions avec les bureaux urbains. Cette évolution favorise les développements immobiliers intégrant des espaces de travail dédiés et des aménagements communautaires facilitant le télétravail.

La numérisation de l’industrie immobilière

L’industrie immobilière canadienne connaît une transformation technologique profonde qui redéfinit les processus d’achat, de vente et de gestion des propriétés. En 2025, une entreprise immobilière canadienne sur cinq a adopté l’intelligence artificielle Cet hyperlien s’ouvrira dans une nouvelle fenêtre. pour rationaliser ses opérations, automatiser l’évaluation des propriétés et améliorer le service à la clientèle.

La gestion des propriétés bénéficie également des avancées technologiques. Les systèmes de gestion intelligente des bâtiments intégrant l’Internet des objets (IoT), les capteurs intelligents et les systèmes de gestion énergétique pilotés par l’IA réduisent l’empreinte carbone et optimisent l’utilisation des ressources. Ces innovations contribuent à la fois aux objectifs de durabilité et à l’amélioration de l’expérience des résidents.

La blockchain Cet hyperlien s’ouvrira dans une nouvelle fenêtre. s’impose progressivement dans les transactions immobilières, offrant une transparence et une sécurité accrues tout en réduisant les coûts de transaction et les délais de fermeture de transaction. Cette technologie pourrait transformer fondamentalement les processus administratifs du secteur d’ici 2030.

9. Les défis spécifiques du logement abordable et social

L’ampleur des besoins en matière de logements sociaux

Le défi de l’accessibilité à la propriété ne peut être résolu uniquement par le marché privé. RBC estime que le Canada devra quadrupler sa production annuelle de logements sociaux Cet hyperlien s’ouvrira dans une nouvelle fenêtre., passant de 14 000 unités en moyenne depuis 2016 à 57 000 unités par année pour répondre à la demande potentielle entre 2023 et 2030.

Au Québec, le gouvernement a augmenté son investissement dans le secteur du logement social et communautaire Cet hyperlien s’ouvrira dans une nouvelle fenêtre. de 1,7 milliard de dollars depuis 2018, soit une hausse de 72%. À l’automne 2023, des investissements substantiels de 1,8 milliard de dollars ont été annoncés conjointement avec le gouvernement fédéral pour accélérer la construction de logements, devant produire plus de 8 000 unités de logement social et abordable. Ces unités s’ajoutent aux 15 000 logements supplémentaires déjà planifiés, pour un total estimé de plus de 23 000 nouvelles unités.

Les innovations en matière de logement abordable

Pour répondre aux besoins massifs, l’industrie explore des approches innovantes. La construction modulaire et préfabriquée émerge comme une solution prometteuse, permettant de réduire les délais de construction et les coûts tout en maintenant la qualité.

Les Chantiers Chibougamau Ltée Cet hyperlien s’ouvrira dans une nouvelle fenêtre. développent un immeuble résidentiel de quatre étages et 20 unités en bois massif utilisant des techniques de préfabrication et de construction modulaire, démontrant le potentiel de ces approches même dans les communautés éloignées.

Le modèle de location avec option d’achat gagne également en popularité. Le gouvernement fédéral a investi 200 millions de dollars Cet hyperlien s’ouvrira dans une nouvelle fenêtre. pour aider à développer et à faire croître des projets de location avec option d’achat à travers le Canada, offrant une voie alternative vers la propriété pour les ménages ne pouvant accéder directement au marché.

Les règlements municipaux comme la règle 20-20-20 de Montréal Cet hyperlien s’ouvrira dans une nouvelle fenêtre., qui exige que les grands projets résidentiels incluent au moins 20% de logements sociaux, 20% de logements abordables et 20% de logements familiaux (trois chambres ou plus), illustrent les efforts réglementaires pour intégrer l’accessibilité dans le développement urbain. Bien que contestée pour ses impacts sur la viabilité financière de certains projets, cette approche vise à garantir la mixité sociale dans les nouveaux développements.

Les défis de mise en œuvre

Malgré les investissements accrus et les innovations, le secteur du logement social fait face à des obstacles importants. Les coûts de construction élevés, la complexité des projets et la pénurie de main-d’œuvre ralentissent le rythme de livraison même lorsque le financement est disponible. De plus, près de 3 000 logements inabordables (loyers mensuels supérieurs à 1 700 $) demeurent vacants dans les régions métropolitaines de Montréal et Gatineau en 2024, représentant une perte économique de plus de 41 millions de dollars Cet hyperlien s’ouvrira dans une nouvelle fenêtre. et démontrant un décalage entre l’offre construite et les besoins réels du marché.

10. Un horizon 2030 marqué par la transformation

Le marché immobilier canadien de 2030 sera profondément différent de celui que nous connaissons aujourd’hui. Trois dynamiques majeures façonneront cette transformation : l’impératif d’augmenter massivement l’offre de logements pour combler un déficit structurel sans précédent, la nécessité d’intégrer la durabilité environnementale dans toutes les facettes du développement résidentiel, et l’adaptation aux nouvelles réalités démographiques et économiques du pays.

Le Québec occupe une position distinctive dans ce paysage national. Sa résilience économique relative, son modèle de développement privilégiant le locatif sur la copropriété, et ses investissements soutenus dans l’infrastructure et le logement social le positionnent comme un laboratoire potentiel pour des approches innovantes en matière de développement urbain durable.

La performance exceptionnelle du marché québécois en 2025, avec la ville de Québec affichant les gains de prix les plus importants au Canada, témoigne d’une trajectoire distinctive qui devrait se maintenir jusqu’en 2030.

Toutefois, le Québec n’échappe pas aux défis structurels qui touchent l’ensemble du Canada. La pénurie de main-d’œuvre qualifiée dans la construction, l’augmentation des coûts de construction, et la crise d’accessibilité à la propriété qui affecte particulièrement les ménages à faible revenu, nécessitent des interventions coordonnées des gouvernements, de l’industrie et des municipalités.

L’atteinte de l’objectif national de 3,5 millions de logements supplémentaires d’ici 2030 représente un défi colossal qui exigera une mobilisation sans précédent. Oxford Economics estime plus réalistement qu’il faudra construire 4,2 millions de nouvelles unités entre 2024 et 2035 pour véritablement rééquilibrer le marché, incluant 2,9 millions pour satisfaire la croissance des ménages et 1,3 millions pour compenser les déficits passés.

Cette projection suggère que la crise d’accessibilité persistera au-delà de 2030, avec un retour graduel à un marché équilibré qui ne se concrétisera pleinement que vers 2035.

La transition vers la durabilité environnementale représente à la fois un défi et une opportunité. La construction de millions de nouveaux logements dans les normes actuelles compromettrait les objectifs climatiques du Canada.

Toutefois, en adoptant des approches innovantes en matière de construction à haute performance énergétique, de densification urbaine intelligente, et d’utilisation de matériaux à faible empreinte carbone, le secteur immobilier peut contribuer significativement à la lutte contre les changements climatiques tout en répondant aux besoins en logements.

L’évolution démographique, avec le vieillissement de la population et les changements dans la composition des ménages, nécessitera une diversification de l’offre de logements.

Le modèle traditionnel de la maison unifamiliale en banlieue cèdera progressivement la place à une gamme plus variée de typologies résidentielles, incluant des immeubles multi-logements à proximité des services, des logements adaptés aux aînés, et des unités plus petites répondant aux besoins des personnes seules et des couples sans enfants.

Les transformations technologiques continueront de remodeler l’industrie, avec l’intelligence artificielle, la réalité virtuelle, les systèmes de gestion intelligents des bâtiments et la blockchain révolutionnant les pratiques d’achat, de vente et de gestion immobilière. Ces innovations amélioreront l’efficacité, la transparence et l’expérience des utilisateurs tout en contribuant aux objectifs de durabilité.

Finalement, le succès du marché immobilier canadien de 2030 dépendra de la capacité collective des acteurs à opérer une transformation profonde et coordonnée. Les gouvernements devront maintenir et renforcer leurs investissements dans l’infrastructure et le logement abordable tout en rationalisant les processus d’approbation.

L’industrie devra adopter des pratiques de construction plus durables et efficaces tout en s’attaquant à la pénurie de main-d’œuvre. Les municipalités devront faciliter la densification tout en préservant la qualité de vie. Et les citoyens devront accepter l’évolution des formes urbaines et la nécessité d’une plus grande densité pour rendre les logements accessibles aux générations futures.

Le Québec, avec sa trajectoire distinctive, son économie diversifiée et ses investissements soutenus, est bien positionné pour naviguer cette transition complexe. Toutefois, le maintien de cet avantage relatif exigera une vigilance continue et une adaptation constante aux réalités changeantes du marché national et international. L’horizon 2030 s’annonce comme une période de transformation profonde où les choix effectués aujourd’hui détermineront la qualité de vie des Québécois et des Canadiens pour les décennies à venir.

Discutons de vos options

Dès que vous êtes prêt, je demeure disponible pour répondre à vos questions, vous guider dans vos choix et vous aider à prendre des décisions plus éclairées concernant votre projet immobilier.

M’écrire

À propos de l'auteur

David est un courtier immobilier dans la merveilleuse Ville de Québec au Canada.

Depuis plus de 13 ans, il apporte une expertise unique sur le marché immobilier de Québec en conjuguant une approche axée sur la science de la donnée, la création multimédia et l'agréabilité.

Vous avez un projet immobilier?
Écrivez-moi dès maintenant →